Abd al Malik – Gibraltar Extrait de l’album Gibraltar (2006) Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui pleure un rêve qui prendra vie, une fois passé Gibraltar.
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui se d'mande si l'histoire le retiendra comme celui qui portait le nom de cette montagne.
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui meurt sa vie bête de "gangsta rappeur" mais ...
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune homme qui va naître, qui va être celui qu'les tours empêchaient d'être. Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui boit dans ce bar où les espoirs se bousculent, une simple canette de Fanta. Il cherche comme un chien sans collier le foyer qu'il n'a en fait jamais eu, et se dit que p't-être, bientôt, il ne cherchera plus. Et ça rit autour de lui, et ça pleure au fond de lui. Faut rien dire et tout est dit, et soudain ... soudain il s'fait derviche tourneur, il danse sur le bar, il danse, il n'a plus peur, enfin il hurle comme un fakir, de la vie devient disciple. Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui prend vie, qui chante, dit enfin « je t'aime » à cette vie. Puis les autres le sentent, le suivent, ils veulent être or puisqu'ils sont cuivre. Comme ce soleil qui danse, ils veulent se gorger d'étoiles, et déchirer à leur tour cette peur qui les voile. Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui n'est plus esclave, qui crie comme les braves, même la mort n'est plus entrave.
Il appelle au courage celles et ceux qui n'ont plus confiance, il dit : "ramons tous à la même cadence!". Dans le bar, y'a un pianiste et le piano est sur les genoux, le jeune noir tape des mains, hurle comme un fou. Fallait qu'elle sorte cette haine sourde qui le tenait en laisse, qui le démontait pièce par pièce. Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui enfin voit la lune le pointer du doigt et le soleil le prendre dans ses bras. Maintenant il pleure de joie, souffle et se rassoit. Désormais l'Amour seul, sur lui a des droits. Sur le détroit de Gibraltar, un jeune noir prend ses valises, sort du piano bar et change ses quelques devises, encore gros d'émotion il regarde derrière lui et embarque sur le bateau. Il n'est pas réellement tard, le soleil est encore haut.
Du détroit de Gibraltar, un jeune noir vogue, vogue vers le Maroc tout proche. Vogue vers ce Maroc qui fera de lui un homme ...
Sur le détroit de Gibraltar … Sur le détroit de Gibraltar … vogue, vogue vers le merveilleux royaume du Maroc.
Sur le détroit de Gibraltar, vogue, vogue vers le merveilleux royaume du Maroc … | Abd al Malik – Gibraltar Extraído del álbum Gibraltar (2006) En el estrecho de Gibraltar, hay un joven negro que llora un sueño que cobrará vida, una vez pasado Gibraltar. En el estrecho de Gibraltar, hay un joven negro que se pregunta si la historia lo recordará como aquel que llevaba el nombre de esta montaña.
En el estrecho de Gibraltar, hay un joven negro que muere su tonta vida de rapero gangsta pero ... En el estrecho de Gibraltar, hay un joven que va a nacer, que va a ser ese que las torres le impedían ser.
En el estrecho de Gibraltar, hay un joven negro que bebe, en ese bar en el que las esperanzas se atropellan, una simple lata de Fanta.
Busca como un perro sin collar el hogar que en realidad nunca tuvo, y se dice que, quizás, pronto, ya no buscará más. Y hay risas alrededor de él, y hay llanto en el fondo de él. Nada hay que decir y todo está dicho, y de pronto… de pronto se hace derviche girador, baila en el bar, baila, ya no tiene miedo, y aúlla como un faquir, de la vida se vuelve discípulo. En el estrecho de Gibraltar, hay un joven negro que recobra vida, que canta, y dice al fin « te quiero » a esta vida. Y los demás lo sienten, lo siguen, quieren ser oro porque son cobre. Como ese sol que baila, quieren atiborrarse de estrellas, y desgarrar a su vez ese miedo que, como un velo, los oculta. En el estrecho de Gibraltar, hay un joven negro que ya no es esclavo, que grita como los valientes, ni siquiera la muerte es ya un obstáculo. Apela al valor de aquellas y aquellos que ya no tienen confianza, les dice : "¡rememos todos con la misma cadencia !”
En el bar, hay un pianista y el piano está sobre sus rodillas, el joven negro bate sus manos, aúlla como un loco. Tenía que salir este odio sordo que lo mantenía atado, que lo desmontaba pieza a pieza.
En el estrecho de Gibraltar, hay un joven negro que ve al fin la luna apuntándole con el dedo y el sol tomándole en sus brazos. Ahora llora de alegría, espira y se vuelve a sentar. De ahora en adelante sólo el Amor tendrá derecho sobre él.
En el estrecho de Gibraltar, un joven negro coge sus maletas, sale del piano bar y cambia sus pocas divisas, todavía lleno de emoción mira tras de sí y sube al barco. No es realmente tarde, el sol está aún en lo alto.
Desde el estrecho de Gibraltar, un joven negro navega, navega hacia un Marruecos muy cercano.
Navega hacia ese Marruecos que hará de él un hombre… En el estrecho de Gibraltar … En el estrecho de Gibraltar … navega, navega hacia el maravilloso reino de Marruecos.
En el estrecho de Gibraltar, navega, navega hacia el maravilloso reino de Marruecos… |